EN BREF
Depuis le début de l’année 2025, plus de 122 000 foyers ont bénéficié de MaPrimeRénov’, dont 44 000 rénovations d’ampleur — un record. Depuis 2020, le dispositif aurait permis d’éviter jusqu’à 6,2 millions de tonnes de CO₂ par an. Mais, victime de son succès, MaPrimeRénov’ est partiellement suspendue depuis juillet 2025 : les rénovations ont triplé par rapport à 2024, dépassant largement le budget alloué (3,6 milliards d’euros) et provoquant allongement des délais, inflation des devis et hausse des fraudes.
Initialement annoncée comme une suspension totale, la pause a été révisée : seuls les dossiers de rénovation globale sont concernés. Les “monogestes” — petits travaux comme le changement de chauffage ou l’isolation — restent financés.
Un compromis salué par le secteur du bâtiment, mais qui laisse planer une incertitude pour les porteurs de projets, notamment les ménages modestes et les acquéreurs qui comptaient sur cette aide.
Face aux inquiétudes, Amandine Renaud, mandataire pour le réseau Expertimo, vous encourage à rester optimiste et donne les clés pour traverser cette période.
Amandine, avez-vous observé un changement immédiat dans les comportements des vendeurs ou acheteurs ?
Oui, certains acheteurs se posent plus de questions, notamment sur le coût des travaux à venir. Les vendeurs, eux, prennent conscience que la présentation du bien et la transparence sont devenues encore plus essentielles.
Quels sont, selon vous, les effets concrets à court terme de cette suspension sur le terrain ?
On ressent un vrai ralentissement dans les prises de décision, surtout pour les biens à rénover. Les acquéreurs surestiment souvent les travaux et redoutent les mauvaises surprises. Résultat : plus d’hésitations, moins d’offres spontanées !
Pensez-vous que cet arrêt constitue un frein à la vente de certains biens ?
Oui, notamment pour les biens énergivores ou à rafraîchir. L’incertitude freine les élans de vente. Mais ça nous pousse à mieux accompagner nos clients, à anticiper les objections et à affiner encore plus la mise en valeur. En restant dans l’action et l’accompagnement, on limite l’effet boule de neige. Tout est question d’attitude… et de pédagogie !
Comment un conseiller immobilier peut-il anticiper les effets de cette suspension dans ses échanges avec ses clients ?
En gardant un discours clair, honnête et rassurant. Recentrer sur le projet de vie, proposer des devis pour donner des repères concrets, et valoriser les atouts du bien : emplacement, volume et potentiel.
Quels conseils donneriez-vous pour continuer à valoriser un bien, même sans l’appui immédiat de MaPrimeRénov’ ?
Miser sur le home staging, les projections 3D, mettre en avant les travaux déjà faits et rappeler que la rénovation reste un investissement à moyen terme. Ce qui compte, c’est de faire ressortir le potentiel.
Quels sont les dispositifs alternatifs que les conseillers immobiliers devraient mettre en avant en attendant la reprise ?
Il y a encore des leviers : aides locales, dispositifs des certificats d’économie d’énergie (CEE) proposés par certains fournisseurs, éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ), la Prime « Coup de Pouce Chauffage », et financement travaux via les banques. À nous de nous informer et de guider au mieux nos clients.
Pour finir, auriez-vous un dernier conseil ou une remarque à donner aux conseillers qui s’inquiètent de cette période transitoire ?
Rester positif ! Le marché bouge, mais les projets de vie restent. Écoutons, rassurons, expliquons… C’est dans ces périodes qu’on montre toute la valeur de notre métier.